Charte des artothèques
ADRA
Engagements, responsabilités, champs d’investigation
Né à Berlin au tout début du XXème siècle, le concept d’artothèque s’est répandu et institutionnalisé en France dans les années 1980. Il offre à chacun la possibilité de découvrir les œuvres d’art contemporain, mais plus encore de vivre avec elles, dans l’intimité quotidienne d’un lieu de vie ou de travail.
La constitution d’une collection et le prêt des œuvres sont les piliers du fonctionnement des artothèques. Cependant, leur action ne peut se concevoir sans la synergie qui s’établit entre les projets menés avec les artistes, expositions ou productions, et la mise en place d’actions de médiation et de formation dirigées vers les publics.
C’est bien la combinaison de ces différents éléments – y compris et surtout le dialogue entretenu quotidiennement avec les emprunteurs – qui permet aux artothèques d’être au plus près de leur double objectif de soutien à la création et de sensibilisation des publics.
Une grande diversité des modes de gestion pour une mission de service public
Les modalités de fonctionnement des artothèques ADRA peuvent être diverses. Qu’elles soient adossées à des institutions – bibliothèques et médiathèques, musées, centres d’art, écoles d’art, etc. – ou au contraire implantées de façon autonome, elles possèdent pour plus petit dénominateur commun la constitution de fonds publics d’art contemporain destinés à circuler sous la forme de prêts auprès de publics variés.
Inscrites dans les politiques culturelles des collectivités locales qui les soutiennent, et pour beaucoup d’entre elles accompagnées également par l’État, ces institutions décident de souscrire aux conditions suivantes :
- la définition d’un projet culturel et artistique donnant à lire les axes de la collection et ceux de la programmation artistique (programmation d’expositions, production, publication, etc..), ainsi que la définition des actions de médiation ;
- un budget annuel d’acquisition ;
- un budget annuel de fonctionnement permettant la mise en place du programme artistique et culturel ;
- la capacité à gérer la collection dans des conditions professionnelles de conservation, de documentation scientifique et de diffusion ;
- la mise en place d’outils et de temps d’évaluation.
La collection, clef de voûte de l’action des artothèques
Fonds publics destinés à investir les lieux de vie, les collections d’artothèques permettent d’être au plus près des œuvres et des personnes. Cette relation singulière conduit à réinventer les modalités de fonctionnement au quotidien et à prendre en compte le territoire.
En perpétuelle édification, les collections d’artothèques constituent bien le socle de leur activité. Elles sont le reflet d’un engagement fort et durable à l’égard de la création. Quelles que soient les modalités d’acquisition qui président à leur constitution – collégialité ou choix personnalisé du responsable -, elles donnent à lire le projet artistique et culturel de leur structure. La qualité des acquisitions et des productions, intimement liée à la capacité d’expertise et à l’engagement du directeur et du comité technique d’achat (constitué de professionnels de l’art), demeure la référence pour le développement des artothèques.
Ces collections s’attachent à prendre en compte en toute liberté la pluralité des productions et des pratiques artistiques contemporaines. Leur inscription dans le paysage de l’art actuel est aussi bien d’ordre régional que national et international. Une de leurs spécificités réside dans l’investigation du champ du multiple (œuvres multiples de tout type : estampe, photographie, vidéo, multimédia, livres d’artistes, volumes etc.), sans exclure les œuvres uniques. Ces collections sont marquées par une forte volonté de transmettre des démarches artistiques et les situer historiquement. Selon les normes en vigueur (Loi Musées 2002), les artothèques sont responsables de la conservation des œuvres qu’elles collectionnent et doivent tenir à jour les inventaires.
La production et l’édition d’œuvres
Les artothèques s’inscrivent donc dans une politique active de soutien à la création à travers leur politique d’acquisition, mais également par la programmation d’expositions, la publication de catalogues, la production d’œuvres, etc.
L’accompagnement de la création et celui de la production déterminent la vie d’une institution d’art contemporain. Ils constituent les éléments fondateurs de son engagement au même titre que l’acquisition.
Une volonté marquée de faciliter l’accès à l’art
Le mode de fonctionnement des artothèques adhérentes à l’ADRA – basé sur l’appropriation intime et l’expérimentation des œuvres dans la durée – les conduit à interroger, dans une position de recherche fondamentale, la place de l’art dans la vie quotidienne, ainsi qu’à analyser les conditions de son existence et de sa réception.
Elles accompagnent à cette fin les projets artistiques favorisant l’avènement, la circulation et la confrontation des œuvres au réel. Dans un paysage institutionnel français marqué par une diversité des modes d’action, les collections d’artothèques privilégient la capacité des œuvres à circuler, à se confronter au monde et à y agir, autant que leur valeur patrimoniale.
Les artothèques mettent au cœur de leur mode de fonctionnement l’expérience de l’œuvre. Expérimenter l’œuvre dans la durée, dans la variété des moments de la vie, dans sa capacité à exister dans des contextes variés, y compris celui de la rencontre, de la confrontation à la réception, tels sont les axes fondamentaux présidant à la médiation de l’art dans les artothèques.
Le mode de fonctionnement des artothèques est en soi un mode de médiation de l’art, ce qui n’empêche pas ces structures de mettre également en place un certain nombre d’actions spécifiques : conduite de projets mettant en jeu la réception des œuvres : expositions, conférences, rencontres entre les artistes et les publics, commentaire au sens large des œuvres (notices, fiches pédagogiques…)
Outre le prêt aux particuliers et collectivités, les artothèques favorisent la circulation des œuvres sous la forme d’expositions thématiques dans des lieux divers et multiples.
Une inscription territoriale affirmée
Les artothèques entretiennent un rapport direct au territoire : leur action s’appuie sur des réseaux de partenaires qui représentent la société dans toute sa diversité.
L’Éducation Nationale, les établissements de santé, les entreprises, l’environnement carcéral, les populations des quartiers prioritaires, les populations isolées figurent parmi les objectifs de partenariats prioritaires des artothèques. Leurs actions investissent au quotidien des territoires excédant largement les frontières de leur ville d’accueil pour s’étendre à celles des départements ou des régions.
Les artothèques développent des collaborations avec les centres d’art contemporain, les FRAC, les Écoles d’art et autres structures culturelles contribuant ainsi à la mise en place de réseaux actifs pour une politique culturelle au service de tous dans le cadre d’une mission de service public.
Les membres institutionnels de l’ADRA s’engagent à mobiliser tous leurs moyens pour mettre en œuvre ce texte dans leur artothèque et à informer l’ADRA s’il ne peut l’être.